"ENIGME" © René Pons 2007
"Enigme"
L’intérêt du travail d’un artiste tient dans sa cohérence, cohérence la plupart du temps inconsciente, et c’est tant mieux. Cet ordre caché de l’art dont parle Anton Ehenzweig, opposant
Les méthodes de travail délibéré aux méthodes spontanées.
Chez Mireille Laborie, la figure initiale et obsessionnelle est la maison, celle qui signifie l’être intérieur, un état d’âme selon Bachelard, lieu du secret, énigme à tous posée derrière le personnage que la société nous impose de jouer.
C’est là qu’est enfermée, protégée, la vérité de l’artiste solitaire autour duquel tourne un ballet
d’ombres ces personnages sans visage qui s’éloignent, fantômes énigmatiques livrés à l’interprétation de chacun.
La plupart des œuvres de Mireille Laborie tournent autour de l’idée d’enfermement et de protection. Un phénomène secret, une métamorphose est en train de se produire loin des regards,
comme celle de la chenille à l’intérieur du cocon, de la graine dans la terre, ou de l’embryon dans l’utérus, lent travail de la nature dont on retrouve la marque dans les volumes de bois tressé qui évoquent, pour moi , le mot chrysalide, enveloppe vide abandonnée par l’insecte sur le chemin, forme d’une vie enfuie pour se reproduire, ailleurs, dans le cycle infiniment recommencé de la vie.
Ce goût pour la mise en scène du secret, de l’énigme, ne se trouve pas seulement dans le sujet des tableaux et gravures ou dans ces maisons scellées contenant un papier sur lequel est écrit, ou n’est pas écrit, un texte qui nous restera toujours ignoré, sauf à briser l’objet qui le contient, mais il se trouve aussi dans les matières et supports employés par l’artiste et qui souvent trompent sur leur vraie nature, comme ces toiles dont la texture rappelle celle de la toile de bâche, et qui sont en réalité des affiches publicitaires ordinaires.
Secret (qui contient la notion de séparé), énigme, détour sont les trois éléments essentiels d’un travail qui suggère bien plus qu’il ne montre.
© René Pons